By Marie Jouet | Optimiser son site web | 0 Comments
Cet article est extrait de ma thèse professionnelle « Communautés B2B : Comment les réseaux professionnels traditionnels de partage d ‘ expérience peuvent-ils s’enrichir grâce au digital ? »
Il semble difficile d’étudier le partage d’expérience sur les plateformes digitales des réseaux professionnels sans évoquer la question de l’engagement. La participation, la contribution, l’engagement est l’enjeu majeur de tout réseau.
L’engagement est une notion qui est apparue avec une définition spécifique depuis le web 2.0 et ses possibilités d’interactions. L’outil permet désormais à l’internaute de réagir, d’échanger mais le fait-il ? Un clic sur un Like n’est pas un engagement mais juste une information comme quoi l’article a été vu. L’engagement commence par la lecture ou le visionnage complet d’un contenu mais doit s’enrichir pour devenir une vraie implication. Plus on s’implique, plus en s’engage, plus on prend de risque. Le bénéfice doit alors être au moins à la hauteur de la perception du risque pris.
Selon Eric Munz, CEO de l’agence Engage, spécialisée dans le marketing relationnel, le partage d’expériences ne peut pas permettre l’engagement. L’expérience est propre à chacun et crée un capital pour les individus qui ne veulent pas le partager. Dans le monde professionnel, leur intérêt à partager ne sera jamais supérieur à la création de valeur qu’ils peuvent attendre en retour. Ainsi, malgré quelques essais, même les plus aguerris abandonneront leur contribution.
Il s’agirait donc de créer sur les plateformes digitales de la valeur supplémentaire à l’offre déjà existante en physique (rencontres traditionnelles) pour encourager l’implication. Une autre difficulté apparait alors : la notion de valeur est différente pour chacun.
Chaque adhérent de ces réseaux professionnels inter-entreprises est un individu à part entière avec ses différences :
Les réseaux traditionnels de type APM , CJD , Clubs pros etc… ont un net avantage sur les réseaux e-business qui naissent en ce moment sur la toile. Ils ont une histoire commune avec des souvenirs communs (l’engagement des fondateurs, des colloques nationaux, des évènements « fondateurs », des interventions d’experts remarquables) qui permettent de créer le « thick we ». A la différence des réseaux e-business qui n’ont pas de passé commun et qui souhaitent créer leur réseau par l’apport numérique d’additions de carnets d’adresses sans liens véritables. Une gageure…
Cependant, même si les réseaux ont un passé commun donc des valeurs communes, cela n’est pas suffisant pour générer de l’engagement et cela pour plusieurs raisons :
« Ces échanges en réseau et l’expression facilitée par ces technologies ne sont pas toujours compatibles avec les enjeux de pouvoir, économiques, financiers, techniques ou commerciaux». Dominique Wolton[1]
A la lecture de ces différents éléments, on voit bien que la raison officiellement donnée du manque de temps est souvent un faux-fuyant.
L’évolution face à ces freins est lente. Elle nécessite du temps, de la pédagogie, de l’habitude aux nouveaux usages. L’implication ne se développe que dans la confiance. L’utilisation de plateformes d’échange met les chefs d’entreprise dans des zones d’inconfort. Ils font face à un changement de leur mode de communication au sein de leur réseau physique. Les résistances au changement sont toujours importantes.
L’appropriation de ces plateformes nécessite de l’accompagnement dans la durée, des explications, des encouragements et de l’implication des leaders. L’apprentissage ne tient pas qu’à une maîtrise des fonctionnalités offerte par la plateforme mais bien plus à un « nouvel état d’esprit » et à une volonté de changement dans les habitudes de chacun.
En se basant sur les travaux de John P. Kotter[2], (repris par C. Super) on peut définir 5 chantiers d’accompagnement pour les réseaux professionnels traditionnels qui cherchent à développer leur plateforme d’échange entre membres.